Au fond j’voulais juste dormir

22 JUILLET 2019

6H46

J’viens d’rentrer, j’ai posé mon cul sur le canapé et les mûrs bougent. Le sol tremble sous mes pieds et je m’enterre. Je ris mais pas trop fort et je grimace naïvement. L’alcool coule encore dans mes veines. Ouais j’ai bu. Ça faisait des années que ça ne m’était pas arrivée. Depuis ce jour.  Et alors ? Et alors rien. Absolument rien n’a changé. Bon je tiens moins qu’avant mais le goût reste le même. Les effets aussi.

L’alcool c’est le miel qui adoucit mes mots de gorges. C’est toujours aussi chaud dans la gorge. Tu sens chaque gorgées et tu savoures lorsque ça monte à la tête. C’est pas bon mais c’est doux pour l’esprit. Ça l’anesthésie lentement. Ça fait taire les démons et disparaitre les voix. J’avais oublié cette liberté. Tu la sens ? Elle t’prend aux tripes et ton corps est son otage. Tu la vois l’ironie ? Comme tu es légères et douce. 

07H16

Ça t’en bouche un coin pas vrai ? T’aurais du voir leur tête. Je ne sais pas si je voyais de la pitié dans leur regard, de l’inquiétude ou alors s’ils étaient content d' »enfin » me voir ainsi. Certainement un mix. S’ils me jugeaient ? Probablement. Mais honnêtement j’étais occupée. 

Je remplissais mes poumons d’air. Un air qui avait l’air si pure et joueur qu’il chatouillait mes narines. Le vent était tellement doux qu’il me faisait redécouvrir mon corps, comme s’il le rendait vivant. Je sentais chaque partie de tout mon épiderme. Comme si c’était la première fois, sa première fois avec le monde et non contre lui. Les vagues de vent faisaient danser mes cheveux et je dansais aussi. Oui j’ai dansé. Y’avait des gens mais j’étais comme portée. Ça aussi ça faisait longtemps. J’étais légère. 

07H39

En me levant ce matin là c’est comme si je savais comment ça allait se passer avant même que les choses se produisent. Comme si une partie de moi avait déjà vécu cette journée/nuit.

Est-ce que je regrette ? Un peu oui.  De m’être « montrée » ainsi. C’est pas mon genre. Et puis j’entend déjà les réflexions la prochaine fois que je refuserais un verre. Ça fuse. J’en ai déjà mal à la tête. Comme si t’avais pas l’droit. Pas l’droit à l’erreur, pas l’droit de dévier.

Mais surtout d’avoir cédé , car on ne cède pas à la tentation. C’est comme les sentiments, on ne les écoute pas, on les prend, on les enfoui et on les fait taire. Parce qu’on ne contrôle pas. Comme les mots, c’est l’effet que je déteste le plus. Ils coulent à flot, y a plus de filtre et on finit par dire des secrets. Des choses qu’on garde en soi, profond, très profond. Ces choses qu’on ne doit pas dire ni même penser. Tu sais ces choses inavouables, qui te brulent la gorge.

Mais on ne change pas ce qui est passé et ce qui s’est passé.

08H07

Les mûrs se figent et le sol se calme. Les effets de l’alcool se dissipent peu à peu tandis j’aimerais qu’ils perdurent. J’oubliais que les démons revenaient toujours plus énervés que jamais. Comme s’ils t’en voulaient de les avoir ignoré. L’air est étouffant, le monde est gris, le vent est lourd. Ma gorge se serre, me brûle et je reprendrais bien un shot de miel. Puis tout reviens avec la vitesse d’un boomerang. Absolument tout.

Au fond j’voulais juste dormir. Un peu. Juste quelques heures. 

H O P E 

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