« La Vallée » – Bernard Minier
Dans ma période frénétique de lecture intense (j’étais à un livre / jour) j’avais soif de lire tout mais surtout des histoires intenses à suspenses. Et avec lui je n’ai pas été déçue. Je l’ai trouvé par hasard chez moi (ma mère récupère plein de choses et parfois on a de bonnes surprises).
La quatrième de couverture est plutôt accrochante, mystérieuse (comme la forêt), mais j’ai aimé cette phrase : « Je crois que quelqu’un est en train d’agir comme s’il se prenait pour Dieu.. »
Cette référence à Dieu m’a donné envie car cela m’a interroger : c’est quoi agir comme un Dieu ?
Une intrigue qui commence dès le préface car celui-ci reste en tête tout le long de la lecture. Quand est-ce qu’on va enfin y venir ? Quand est-ce que l’on abordera enfin ce crime ? Ce corps, du moins ce qu’il en reste. Qu’est ce qui le lie aux autres, ou plutôt qui ? Et pourquoi ? C’est ici qu’agir comme un Dieu prendra un sens.
Et puis on y vient enfin, et lorsque l’on pensait que le pire était arrivé, en réalité il était à venir. Car on ne soupçonnerait pas l’innocence de tous ces maux ? On n’accuserait pas cette pureté de terroriser toute une vallée. Et pourtant. Tous étaient là, devant vous. Ils étaient pions dans ce jeu mais vous étiez les leurs.
J’ai vraiment a-do-ré ce livre ! Dès intrigues à chaque page, des personnages attachant et cet inspecteur (qui a lui aussi droit à sa petite intrigue perso). L’histoire est tellement bien ficelée qu’on ne s’ennuie jamais. Plusieurs fois je pensais avoir trouvé la solution, mais fin de partie game over.
« La Vallée » n’est pas le premier de l’auteur mais vous pouvez comme moi le lire sans lire les autres. Il y a des petites pastilles explicatives lorsqu’il y a des références aux précédents titres fards de l’auteur mais cela n’empêche en rien la lecture et la compréhension. Au contraire, ça donne envie de tous les lires depuis de début.
« L’inconnu de la forêt » – Harlan Coben
Toujours dans cette frénésie j’ai développé un goût pour les thrillers, suite à mes précédentes lectures. Le fait de ne pas savoir ou encore, de croire que l’on sait. Que l’on a vu juste : pas du tout.
Je voyais cette première de couverture un peu partout, et on peut le dire ce jaune tape à l’œil et il a marché sur moi. J’aime les êtres mystérieux, laisser libre court à l’imagination pour tenter de combler les énigmes.
« Wilde » – « énigme » – « passé » – « dans la forêt nombreux sont les dangers et rares sont les chemins qui ramènent à la maison »
J’ai adoré cette phrase. Si logique mais en même temps pleine de sens et de sous entendu. Le pire peut parfois cacher le meilleur. Wilde en est la preuve. Enfant sauvage mais prêt à tout pour venir en aide alors que personne ne l’était pour lui. Différent. Ce qu’il est et sera toujours, mais c’est ce qui fait qu’il pourra retrouver même ceux qui ne veulent pas l’être.
L’histoire d’une disparition faisant penser à une simple fugue. D’un chantage qui pourrait paraitre purement adolescent et par nul doute : innocent. Mais les gens ne naissent pas de l’innocence et gardent en eux l’empreinte de leur créateur. Leur secret, sans le savoir fond écho en eux et se reflètent dans leurs agissements, se transmettant ainsi dans le futur.
Mais la vérité tôt ou tard refait surface. Elle libère les démons, mais aussi les innocents injustement punis et rendu responsable de crime qu’ils n’ont jamais commis. La forêt est pleine de surprises et elles peuvent être bonnes.
« Nom » – Constance Debré
J’ai été frappé par la couverture : crâne fleurie et ces quelques mots « je suis pour la suppression de la famille, je suis pour le suppression de l’enfance si on peut ». Puis le titre « Nom » – Non phonétiquement.
Un récit contre l’ordre établi et toutes ces formalités. Un récit où tous les non-dits sont dit. Où toutes pensées impensable sont pensées. Et tout ça, sans honte. Une franchise enfantine, cru et on oublie le politiquement correct.
J’ai compris, peut-être trop pour être « choquée » – « heurtée » par ses propos que je comprend et conçois. Mais si vous êtes loin de tout cela, que vous aimez l’ordre, les repas, la conformité, vos paires, imaginé l’inverse est déroutant et vous serez soulagé d’arriver à la fin car : pas de répit. Il faut lire et relire. Chaque phrase, mot est rempli de sens.
Je reste mitigée sur ce livre. Au vu des retours que j’ai eu et des critiques, je m’attendais à tomber de haut, à être déroutée, choquée, avoir un « coup de poing » comme je l’avais lu. Mais comme je l’ai dit j’ai compris donc peut-être que l’écart entre sa vision et la mienne n’était pas assez grande. Je ne suis pas d’accord avec tout mais je comprend et conçois. Parfois certaines phrases étaient dites pour être dites, sans explication, et c’est avec cette gratuité que j’eu un peu de difficulté. Choquée pour choquée. Parce que ça fait du bruit. Ça je ne comprend pas et par moment j’aurais voulu avoir plus.
« My body » – Emily Ratajkowski
J’aime beaucoup Emily Ratajkowski, aka « Emrata ». Ce qu’elle dégage, cette fraicheur sensible, tout en sensualité. Souvent critiquée sur ce qu’elle publie, les photos, les poses, son corps, sa bouche : elle dans son entièreté. Elle n’a point le droit à la parole réduite à un vulgaire bout de viande, simple chair fraiche. La phrase « sois elle et tais toi » prend ainsi tout son sens.
J’ai voulu en apprendre plus, par curiosité et intérêt. Entendre sa voix. Lire ses maux. Ce livre est comme un aveux. Elle est plus qu’un corps, elle est une voix, des valeurs, des idées, un cœur tendre. Ce livre est une délivrance. Une façon de remettre certain à leur place. De taire les bouches et dissoudre le venin. Elle écrit pour elle et toutes les autres. Tous les autres corps tendre de chair fraiche, de marchandise et d’objet.
Elle écrit des mots d’enfants avec une rage d’adulte. Elle est sensible mais n’est pas dupe. Elle sait. Connait les hommes, la société et leurs attentes. Elle en joue, lui donnant ainsi une sensation de contrôle, lui procurant tout les pouvoirs.
J’ai adoré chaque page, l’honnêteté de ses mots. Sa vulnérabilité tout en puissance. J’ai adoré découvrir et comprendre Emily et non Emrata. Elle m’a parlé, je me suis reconnu et sentie moins seule. Elle a dit certains mots qu’on ne prononce pas, qu’on ne peut même pas penser quand on a un certaine type de corps.
« à ta place je ne porterais pas de vêtement »- « si j’avais ton corps, moi aussi je serais nue ».
« L’enfant réparé » – Grégoire Delacourt
Le premier livre de Grégoire Delacourt que j’ai lu était « Danser au bord de l’abîme » et il m’est toujours resté en mémoire, en moi. Par le suite je n’avais pas trop chercher s’il avait écrit d’autres livres et puis je suis tombée sur lui, le titre m’a parlé, j’ai reconnu l’auteur, et j’ai lu ces mots « Le jour où j’ai appris que j’avais été une victime, je me suis senti vivant », j’ai pas hésité et je l’ai dévoré en quelques heures seulement.
Un livre qui délivre tous les maux. L’auteur parle de lui avec la plus grande lucidité et honnêteté. De ses livres et comment ils parlent de lui. En écrivant il comprend, il voit ce qu’il n’avait pas vu. La claque mélangée à l’épuisement de toutes ses révélations. Il nous évoque son enfance, les douleurs de son corps reflétant celles de son esprit. Son corps sait mais lui ne sait plus. Trop jeune ou trop douloureux, le souvenir est là, encré en lui, la mémoire du corps face à celui de l’esprit.
Il évoque pudiquement sa mère, tel un enfant. Sa mère réparatrice de tous les silences, des non-dits à faire hurler un muet. Il nous parle de lui avec franchise, et déshonneur, ne laissant pas de place au doute.
Comment dire, merci ? Merci de cette transparence, de cette absence de mélancolie pour faire passer la violence comme simple courant d’air. De cette voix donner aux douleurs sourdes mais qui hurle dans nos entrailles. Un bouleversement sans répit , mais telle est la vie.
Dites moi si vous connaissiez un de ces livres et lequel/lesquels vous avez envie de découvrir. Et n’hésitez pas à me partager vos dernières lectures et coups de cœur.