« Sept mensonges » – Elizabeth Kay
Un énième thriller, il y a eu que cela dans mon précédent article #12, mais je me suis découvert une vraie passion pour ce genre littéraire, et des auteurs qui ont su me maintenir en haleine. Celui-ci s’est un peu imposé à moi et heureusement car sinon je ne serais pas allée vers lui de moi même. C’était offert pour l’achat de deux livres achetés et grâce à cela, la bibliothèque se remplit, mais surtout on y fait de belle découverte. Ça avait été le cas aussi pour un précédent livre que j’avais adoré, « Personne ne se méfie des gens qui sourient ».
« Tout a commencé par un petit mensonge », première phrase de la quatrième de couverture et déjà séduite. Qu’est-ce qui a bien pu commencer ? Après tout, si c’est un petit mensonge, ça ne devrait pas avoir tant d’impact que cela. Mais on le sait. Un mensonge ne vient jamais seul. Et s’il n’y avait pas eu cette toute première fois, ce premier mensonge, il n’y aurait pas eu les autres.
Mais en réalité est-ce vraiment les mensonges qui ont mener au drame ou bien le manque d’équilibre dans cet amour exclusif ?
Deux amies, Jane et Marnie, meilleures amies d’enfance et inséparable depuis. Un premier drame se produit. L’une perd son mari. Second drame. L’autre également. Tragique n’est-ce pas ? Mais est-ce une coïncidence ou le fruit d’une amitié trop fusionnelle ?
Les amitiés fusionnelles: une symbiose intellectuelle, une compréhension de l’autre qui peut se passer de mots.
Peut-être qu’elles ne se comprenaient pas tant que cela au final. Qu’il aurait fallu des mots, autres que des mensonges, même petits.
On plonge direct dans le bain. Premier mensonge qui donne le ton. Une narration quelque fois déroutante mais qui se délit au fil des pages. On découvre petit à petit les mensonges. Ils deviennent grands, imposants, prenant toute la place malgré une solitude bien présente. Jane se confie et on tombe avec elle. Elle nous plonge dans son récit nous emmenant dans les recoins les plus sombres de son esprit. J’ai vraiment adoré cette écriture, et cette narration. Telle une histoire que l’on conterait, sans les détails sanglants, mais juste ce qu’il faut. Et la chute ! La chute est merveilleuse et on respire enfin.
Quand on fait une personne son monde mais que la balance ne s’équilibre pas. Qu’au contraire elle ne fait que se déséquilibrer de plus en plus, le point de non retour n’est jamais bien loin.
« Ceci n’est pas un fait divers » – Philippe Besson
On quitte les thrillers mais pas pour un peu de douceur. Premier livre de cette auteur et le titre m’a eu. Je ne savais pas si c’était une histoire vraie ou si c’était simplement la accrocheur. Cela étant, inspiré de faits réels, ce n’est malheureusement pas une histoire vraie, mais plusieurs. C’est l’histoire de toutes ces femmes, ces féminicides. Et même si le sujet n’est pas directement cela, il est lié. Puisque c’est le combat de ceux qui restent : réapprendre à vivre.
« Papa vient de tuer maman », une phrase, quelques mots qui viendront chambouler la vie d’une sœur et son frère. Et c’est ainsi que l’histoire commence. Un coup de téléphone puis la chute. La chute d’un monde, d’une vie de repères. Comment on fait après ça ? Quand tout s’écroule, quand la culpabilité vous prend en otage. Si j’avais su ? Et si j’avais vu ? Et si pour se reconstruire il fallait se déconstruire totalement, afin de prendre le contrôle. Ou au moins un semblant de contrôle. Parfois dire adieu à ses rêves, changer de futur lorsque le passé est tragiquement déjà écrit.
C’est l’histoire courte d’un combat qui ne l’est pas. Ce sont les mots intenses d’un ado de 19 ans qui tente malgré son propre désespoir de sauver ceux qui restent. Qui essaye de refaire l’histoire, combler les blancs, de comprendre l’irréparable. La culpabilité de ceux partis trop tôt qui fissent par revenir remplit de remords. Des mots d’enfants qui vous saisissent et vous assassinent.
J’ai été prise par ce récit qui ne laisse pas le temps de respirer. Comme en apnée, comme si ses pensées allaient s’échapper emportant avec eux ses maux et ses espérances. Juste une dernière danse.
« Une nuit particulière » – Grégoire Delacourt
J’ai eu un coup de cœur pour l’écriture de Grégoire Delcourt dès le premier livre que j’ai lu de lui, « Danser au bord de l’abîme ». Il m’avait eu, moi qui ne suis pas très sensible aux histoires d’amours, et pourtant. Je n’ai pas lâché cet auteur et encore moins ses livres.
« Une nuit particulière » est une rencontre qui l’est tout autant entre un homme et une femme. Simeone et Aurore. Très vite une conversation particulière, pleine de non-dits, de demi-mot, mais aussi de poésie et d’espoir. Car c’est ce que tout deux étaient au début de cette nuit : emplis de désespoir. Chercher le réconfort dans l’inconnu, et les réponses dans le néant. Ce qui fera tout basculer car au petit matin, lors des aurores, rien ne sera plus comme avant.
Ce livre est partagé en plusieurs parties. Le point de vue d’Aurore, puis celui de Simeone. J’ai été un peu perplexe par le début, car on débute par Aurore, et elle est assez cru et frontale. Mais par la suite, quand on découvre celui de Simeone, j’ai compris. J’ai compris les blancs, les silences, et ce besoin de se faire violence en essayant de heurter. Car l’amour est aussi dans la mort.
« Les mots disent autre chose que ce qu’ils disent mais on ne les écoute pas. »
J’ai été touché par les mots de Simeone, son honnêteté et sa pudeur. J’ai lu cette partie en une foulée. C’était fluide, intense et tellement sincère. Tel un petit garçon qui n’a pas encore la censure, il livre chacune de ses pensées, chacun de ses maux.
Conversation poétique, pleine d’amour et d’espoir, même quand celui-ci se meurt.
« La liste est longue de tout ce qu’il y a à réédifier d’un corps et d’une âme émiettés. «
« Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau » – Stephanie Kalfon
Livre conseillé par ma maman, elle ne l’avait pas lu mais elle avait été séduite par le titre. Moi aussi.
La narratrice de cette histoire est Emma. Personnage principale de sa propre histoire qu’elle nous livre. Nina sa petite fille disparait le jour de son anniversaire. On la retrouve quelques heures après. Mais les retrouvailles ne se passe pas comme prévu. Pas de câlins, pas de larmes, mais le doute. Quelque chose ne va pas. Quelque chose entre conflit, entre elle et sa fille. C’est là qu’Emma va plonger dans une incertitude qui ne la quittera pas, nous emportant avec elle, dans les méandres de son cerveau.
« Ce camaïeu d’inconforts, d’harmonies et de brutalités »
Emma est troublée lorsqu’elle revoit sa fille. Mais elle l’est aussi quelques jours après. Elle la regarde du coin de l’œil, la teste. Est-ce bien sa Nina ? Cette Nina agit comme la sienne, parle comme elle, rit comme elle mais elle est persuadée que ce n’est qu’une pale copie. Alors elle va continuer les recherche, abandonnant sa vie, s’abandonnant elle même. Mais peut-elle se fier à son cerveau ? Et si le passé avait laisser des traces..
Lorsque j’ai repris ce livre, je l’ai lu d’une traite. J’ai été happé par ce tourbillon d’incertitudes. Cette rapidité lorsque tout s’enchaine. Car il n’aurait fallu que quelques heures pour faire basculer la vie d’Emma, mais aussi de Nina et son mari. Un élément déclencheur qui, ce soir là, a actionné ce qui était la tapi en elle, dans son cerveau. Comme une bombe qui attendait pour tout faire basculer.
Comme elle et avec elle, on devient fou. Et si elle avait raison ? Car une mère ça reconnait son enfant. Elle sait. Comment pourrait-elle infliger cela à sa fille ? L’incertitude et le rejet. Cette nuit tout à disparu, Nina, elle, sa vie.
Histoire touchante sur ce que le cerveau est capable d’infliger. Les conséquences du passés et l’acceptation douloureuse de l’impensable.
Mais est-ce le résultat de sa propre histoire qui l’a mené ici ou bien était-ce là bien avant ?
« J’erre dans les lésions irréversibles de ma réalité , comme sur d’anciennes marelles. »
« Un secret » – Philippe Grimbert
C’est encore une fois ma maman qui me l’avait conseillé, elle l’avait lu et avait adoré. J’ai été touché par ces phrases présentes dans la quatrième de couverture « Souvent les enfants s’inventent une famille, une origine, d’autres parents. Le narrateur de ce livre, lui, s’est inventé un frère. ». Roman autobiographique, j’avais envie d’en savoir un plus sur ce qui l’avait amené à s’inventé un frère et quelle place prenait-il.
« J’ai marché dans son ombre , flotté dans son empreinte comme dans un costume trop large. «
Philippe Grimbert nous raconte son histoire et celle de ce frère imaginaire. Comment il s’est construit et comment il a pris sa place. Il est l’ainé, plus grand, plus fort, plus fière. Comme une meilleure version de lui-même, qu’il ne sera jamais. Il nous raconte aussi sa famille, ses origines. Il créé la rencontre de ses parents comme il se créé un frère. Il brode avec le peu d’images et d’informations qu’on lui donne, ou bien qu’il entend malgré lui. Il traduit les non – dits et révèle les silences. Puis un jour le silence ce rompt et il apprend la vérité. La vérité sur lui, sa famille, ses origines ainsi que sur se frère imaginaire. Alors qu’il ne le soupçonnait, le secret éclate, et tout ce qu’il avait crée, imaginé, se déconstruit. Se construit alors une histoire tragique et lourde de sens. Une histoire qu’il a lu dans les livres d’histoire, sans savoir que c’était la sienne.
« Le silence cultivant la honte »
Chaque mot de se livre est plein de sens. Cela faisait longtemps que je n’avais pas été autant ému et retournée par un roman. De par l’histoire, les faits et l’authenticité de l’auteur à nous livrer son histoire afin de « faire son travail de deuil ».
Dites moi si vous connaissiez un de ces livres et lequel/lesquels vous avez envie de découvrir. Et n’hésitez pas à me partager vos dernières lectures et coups de cœur.