« Tu verras les âmes se retrouvent toujours quelque part » – Sabrina Philippe
En toute honnêteté je ne sais plus comment ce livre s’est retrouvé dans ma liste mais une chose est sûre : il fallait que je le lise. Pas une grande lectrice des romans d’amour, aux histoires de roses sous un fond de piano et d’accordéon, et ça n’est pas le cas de ce livre. Pourtant c’est ce qu’on pourrait croire, au vu du titre et de la quatrième de couverture, mais ce n’est aussi fluide. L’amour ne l’est pas, le vrai.
Car l’histoire que raconte cette élégante femme mûre n’est pas aussi fluide et limpide. Son histoire. Mais aussi celle de celle qui l’écoute mais ça on ne le saura que plus tard, trop tard.
Elle a lutté, attendu, pleuré, attendu, cherché, attendu, aimé, attendu et cela encore et encore. Toute sa vie n’a été que succession d’abandon et de rencontre. Cette femme nous révèle ce qu’est l’amour, et de toutes ses rencontres, de tous ses amours, car il y en a des différents. Car chaque rencontre, qu’elle soit intime, charnelle ou non, laisse une empreinte. Même infime soit-elle parfois. Et c’est ainsi elle nous parle sans pudeur de ces hommes qui l’ont aimé. Maladroitement parfois. Mais surtout de celui qu’elle a cherché et attendu tant de fois. Celui qu’elle attend encore.
Comment vivre sans se laisser mourir quand on sait que l’on a trouvé ce qu’on ne pensait pas chercher ? Par hasard, un matin ordinaire. Et il n’y aura plus d’ordinaire désormais. Mais des rendez-vous, des espoirs et des attentes. Puis une résiliation. Ne pas se laisser mourir au risque de devoir tout recommencer. Mais quel est le but de tout ça, si tant est qu’il y en ait un.
« Ce jour là, je ne savais pas ce qu’était la vie, même si je respirais chaque jour, même si je levais souvent les yeux vers les étoiles. J’ai joué de la musique sans savoir ce qu’était la musique, j’ai écrit et parlé sans connaître les mots. Ce jour là, je suis née. «
« Trouver un sens pour mettre fin aux divagations de l’âme. «
Je pourrais écrire encore et partager des passages, des phrases qui m’ont touché mais dans ce cas je devrais réécrire tout le livre. Sauf peut-être la fin, ce dénouement et révélation qui me laisse un peu amer mais si je suis objective c’est une affaire personnelle.
Ce roman est pleins de belles réflexions sur la vie, l’amours, la définition d’âme-soeur. Car ce n’est pas facile quand c’est vrai. Quand c’est puissant et fort, ça fait mal. C’est douloureux quand on ne sait pas décrire, quand aucun mot n’existe pour décrire ce que l’on ressent. La confiance de l’inconnu, mélanger à l’attente et le trou béant que laissent certains quand ils nous quittent. Mais elle a toujours su, elle n’a jamais douté et n’a jamais cessé d’attendre. Elle a attendu, comme toutes les autres fois mais cette fois sans se laisser mourir, car elle devait comprendre, comprendre son rôle ici. Et seulement là, ils ont pu être.
» La prochaine fois que tu mordras la poussière » – Panayotis Pascot
Un titre plus qu’accrocheur, en tout cas pour moi, et une thématique parlante. Un ami me l’a conseillé, dès sa sortie, il a adoré. Je l’ai lu d’une traite, moins de 3h donc on peut dire que j’ai moi aussi adoré.
C’est fluide mais pas de répit. C’est franc, honnête, il dit blanc pour dire blanc, ne prend pas de raccourcis, ne fait pas de détour. Ça peut être brutal pour certain mais j’aime sa franchise, sans filtre, tout en pudeur. Il va au bout même si c’est dur, car il est toujours difficile d’être honnête avec soi. Quand on vit dans une société où l’image est tout ce qu’on a. Le paraître. Et que la dépression et les idées noires n’ont pas leurs places. Il est difficile de prendre conscience que le méchant dans l’histoire, c’est peut-être nous.
« Je t’ai irradié de vide «
Au fur et à mesure des pages, c’était comme si on découvrait Panayotis en même temps qu’il se découvrait. Découvrir et se découvrir. Et c’est touchant. Touchant de voir le courage d’aller au bout de ses pensées, même les plus sombres et celles qu’on ne peut dire, pas même penser.
C’est comme si la voix dans sa tête nous parlait. Et cette voix vous la connaissez, car vous avez la votre, on en a chacun une. Et vous savez aussi combien elle peut être dure et cru. Elle va partout dans tous les sens, il faut être accroché.
« Je crois que j’ai une mémoire de la souffrance qui s’efface , par sympathie pour moi-même peut-être , pour avancer avec des valises plus légères. »
J’ai été touché par ses mots, certains que je comprend, d’autres que je conçois. Il est difficile de juger un livre où l’auteur parle de lui, comme « My Body » dont j’ai parlé dans mes précédentes lectures #9. On ne peut juger la vie, et ce que ressentent les gens. C’est propre à eux et on ne peut invalider cela.
En écrivant je suis allée voir les avis, chose que je ne fais jamais d’habitude mais là je ne sais pas pourquoi je l’ai fait. Ce que j’ai retenu c’est que les gens l’ont trouvé « brut » et sans pudeur sur certains propos, notamment sur sa sexualité et ses rapports. Ce qui me fait rire, jaune, car je suis persuadée que si cela avait été entre une homme et une femme, ça ne les aurait pas heurté. On voit tellement pire comme récit sur des rapports sexuels, qu’ici c’est enfantin. Tel un ado qui découvre sa sexualité., sauf qu’ici c’est ado qui comprend, malgré lui, qu’il aime les hommes. Comme quoi, il y a encore du chemin à faire.
» De force » – Karine Giebel
Coup de cœur pour les deux premiers livres que j’ai lu de Karine Giebel. (« Ce que tu as fait de moi » et « Chambres noires » : résumé et avis dans l’article, dernières lectures #6)
J’avais adoré son écriture, sa façon délicate mais pourtant cru d’aborder les choses, que j’ai eu envie de lires d’autres de ses livres.
J’ai tout d’abord opté pour » De force ». Titre court mais accrocheur. J’ai fait confiance, le résumé était assez simple mais la réalité n’est pas toujours ce qu’elle parait être. Et c’est ce qu’on va découvrir ici. Lorsque les choses paraissent devenir évidentes, un doute resurgit.
Une simple agression, comme il y en existe bien trop. Limite si cela n’est pas devenue routinier dans notre quotidien. Mais ici l’agresseur n’a qu’un seul souhait : finir ce qu’il a commencé. Obsession ? Ou bien vengeance ? Si oui, de qui et pourquoi ? Ce qu’on sait, c’est qu’il sera prêt à absolument tout pour parvenir à ses fins.
Maud était-elle au mauvais endroit au mauvais moment ? Ce joggeur était- il au bon endroit au bon moment ? Pourquoi le père de Maud, médecin connu et reconnu, s’obstine-t-il tellement à ne pas vouloir prévenir la police ? Pourquoi tient-il tant à les mettre à l’écart ? Tellement de questions se soulèvent, parfois absurdes. Mais l’absurdité n’a pas sa place ici. Des non-dits. Les fameux secrets de famille. Les fantômes dans le placard qui finissent par sortir et hanter les lieux. Voilà ce qu’il en est. Des secrets. Des destins qui n’étaient pas fait pour se rencontrer on finit par se lier pour un but commun : la vengeance. Tout cela est partie, d’une confession, une lettre, des aveux.
« Deux feuilles. Ecrites il y a trois mois. Son testament, ses dernières volontés. Je voulais savoir. Maintenant, je sais. Et ma douleur n’a plus aucune limite. La haine. Voilà l’héritage qu’elle me laisse. »
« Je suis un traumatisme, une névrose, une blessure. »
Au fil des pages, l’étau se resserre. Tout le monde passe de victime à suspect, la belle-mère, même le jardinier. Car ils sont tous des choses à cacher en plus de mépris. Mais l’ennemie n’est pas celui que l’on croit. Pourtant il était juste là, en évidence, mais tout le monde sait que c’est le meilleur moyen de passer inaperçu. Et ce qu’on a prit pour évident ne l’était pas, mais était caché par les croyances erronées. Encore une fois, les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent. Tout le monde porte un masque.
Encore une fois j’ai adoré découvrir cette histoire. Une histoire bien trop réelle et si peu fictive. Des destins se lient quand d’autres se délient. Comment une haine commune, un malheur commun, peut rapprocher. Je me suis faite avoir plus d’une fois, pensant avoir deviner, mais même si j’avais juste, c’était bien plus qu’une vengeance. Recherche d’amour en vain.
» Par accident » – Harlan Coben
Le premier livre de cet auteur que j’ai lu a été « l’inconnu de la forêt » (dernières lectures #9) et je l’avais dévoré ! Intriguée par la quatrième de couverture : une disparue refait surface, un vieil ami assassiné, le passé referait – il surface ? Y aurait-il un lien avec ce « double suicide amoureux » ? Si oui , lequel ? Et pourquoi maintenant, 15 ans après ?
On entre dans la vie mais surtout les confessions de Nap Dumas (frère jumeau du dit suicidé). Balancé entre son enquête, des révélations passés mais aussi plus personnelles : son deuil suite à la perte de son jumeau. Confessions touchantes. On est bousculé entre une enquête et la quête d’un ado, un frère, qui a perdu son allié. Il ne nous parle pas directement, mais il parle à son défunt frère. Même s’il n’a jamais cru à la thèse de ce double suicide, les faits restent les même : son frère est mort et il doit vivre sans. Vivre sans son double, l’absence d’un confesseur et la culpabilité de celui qui reste. Et s’il avait su ? S’il avait posé les bonnes questions ? S’il avait vu à travers le brouillard du frère exemple ? Peut-être aurait – il pu ? Mais il n’est pas le seul qui aurait peut-être pu. La culpabilité de ceux qui restent, voilà ce qui tue.
J’ai plongé direct, et outre l’enquête pleine de rebondissement, de fausses pistes, parfois folles, le chemin « thérapeutique » que mène Nap est touchant, limite bouleversant. La vérité était si proche de lui, mais elle était tranchante. Entre secret et trahison, amour et amertume.
« les souffrances sont celles d’un homme qui se noie, mais qui ne peut pas se noyer »
» Maîtres du jeu » – Karine Giebel
Je ne vous mentais pas quand je disais que j’avais eu envie d’en lire d’autres (et ce n’est pas le dernier). Celui-ci comporte deux nouvelles. Ce n’est pas mon style de base mais étant donné que j’avais déjà lu « Chambres noires » qui lui aussi comporte plusieurs histoires, et que j’avais adoré, je me suis dit pourquoi pas.
« Post mortem » et « J’aime votre peur » sont les deux nouvelles de cet ouvrage. J’ai préféré « Post mortem » car je l’ai trouvé plus complète, avec moins de trous et je ne suis pas restée sur ma fin. Pour la seconde nouvelle, malgré une suspense tordant, il manquait un petit quelque chose.
La première est sadique, et nous montre que la vengeance peut-être longue, froide, patiente et qu’elle peut persister outre-tombe. Que victime, bourreau, juge peut-être une seule et même personne. Mais la peine capitale était-elle méritée ?
Dites moi si vous connaissiez un de ces livres et lequel/lesquels vous avez envie de découvrir. Et n’hésitez pas à me partager vos dernières lectures et coups de cœur.