Gueule de bois

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Gueule de bois, sensation inconfortable, il paraît. C’est ce que je me trimballe depuis quelques semaines. Vous savez, le lendemain d’une bonne petite soirée entre ami(e)s, on rit, on boit, on chante, certain fument pendant que d’autres refont le monde, on trinque, on remet ça, il n’y a rien de spécial à fêter, mais on est là, réuni, on est bien. On regarde notre montre, il est tard alors on se dit qu’il serait temps de rentrer dormir parce que sinon demain sera difficile et on va mettre des semaines à s’en remettre. Le lendemain, on avait raison, c’est difficile. On est fatigué, cerné jusqu’aux joues, notre corps nous dit carrément merde et d’aller nous faire voir. On se dit que la prochaine fois on ne fera pas pareil mais le soir même on y retourne, après tout on ne fait rien de mal, on danse, on rit, on vit. Je me sens comme ça, vaseuse, fatiguée, étourdit, mes yeux se ferment tout seuls et mon sommeil s’en est allé. Seul petit bémol : je n’ai pas bu. Promis, il n’y a pas une seule goutte d’alcool dans mon sang, promis juré craché. Mais voilà, j’ai beau essayer de dormir rien n’y fait, le lendemain ça sera la bataille.

Quand le réveil sonne le matin, c’est la lutte. 5 minutes s’écoulent le temps de comprendre ce qui se passe, de donner du sens à cette ombre qui n’est autre que la projection de mon verre d’eau sur le mur. De réaliser que le vaisseau spatial qui fait vibrer mon lit n’est que le tram qui passe dans les deux sens. De saisir que le tapotement qui retenti est juste le balais de la femme de ménage qui cogne contre ma porte. De comprendre que le bruit de la rivière qui me donne envie de faire pipi, est en réalité celui de ma voisine prenant sa douche. D’ailleurs, il serait temps d’aller à la douche, après ça, peut-être que j’aurais les idées claires. J’y vais mollement, mollement je me déshabille pour entrer dans la douche, j’ouvre mollement l’eau, je ferme les yeux et me savonne, toujours mollement, je suis molle. Mais il n’est que 7h du matin alors il va bien falloir tenir jusqu’à ce soir. Et toute la journée, je suis molle, vaseuse, étourdit par la lumière trois fois trop forte à mon goût. Pourtant ça va, il fait presque nuit, mais c’est déjà trop, beaucoup trop agressif pour mon état actuel de non ébriété. Il y a des moments de flottement, la fatigue me fait dire des choses, des choses totalement débile et puis je ris, je ris encore et toujours plus fort, je ris à tout et surtout à n’importe quoi mais ça aura le mérite de me donner du courage et de la force pour continuer cette journée. Cette journée qui me parait tellement illusoire, qui dure des heures, voire même des jours. J’ai l’impression que je suis là, debout depuis déjà mille heures, mille heures de lutte pour réussir à tenir. Des courbatures aux jambes se font ressentir alors que cela fait bien quelques années que je ne pratique plus aucun sport, puis viennent des fourmillements alors je tape du pied par terre que ça cesse. En vain, ça ne part pas mais se propage un petit peu partout, petit à petit, comme un mauvais virus.  Petit à petit les fourmillement ont comme pris mon corps en otage mais je survole. La fatigue me fait dire « j’m’en fou », oui je me fou de tout, ça me passe au dessus, et me caresse comme la brise du matin. Je suis fatiguée, c’est pas grave, j’ai mal, c’est pas grave, ça passera, j’ai faim, je sais pas, je m’en fou et puis j’oublie. J’oublie le temps, ce temps qui parfois passe aussi vite qu’un escargot traversant la route ou qu’une voiture de rallye sur un circuit de course. Et je vie cette journée tel un zombie, je somnole, et je divague. Ça va, ça vient et ça repart. Mes pensées fluctuent tout en s’éteignant, elles se bousculent et se ravivent pour s’effacer de nouveau, et ça va de plus en plus vite, comme un clignotant qui serait défectueux. Oui, non, peut-être, je ne sais pas, et puis c’est fini. Je regarde ma montre, il est déjà tard et je suis chez moi sans me souvenir de comment j’y suis arrivée. J’ai oublié la fin des cours, l’attente, le trajet, les arrêts, comme j’aurais oublié le nombre de verres ingurgité et le trajet du retour vers la maison. Il est 20H et je me pose quelques minutes et ces quelques minutes plus tard il est 2H du matin déjà. Le zombie que je suis se déshabille et se démaquille, mollement. Fatiguée ? Je ne sais pas, peut-être, mais surement trop pour m’en rendre compte. Je rampe pour aller au lit, je ne vois même plus la lumière, mes yeux sont déjà clos. J’avais oublié, oublié cette douleur, ces courbatures et tout reviens puissance dix-mille. Le sommeil aura un peu de retard, je me reposerais donc un peu avant de ne pas m’endormir. Et puis on remet ça demain, comme une bonne petite cuite, tout pareil. 

Voilà ma cuite, ma bonne copine depuis quelque temps maintenant. J’écris, mais sans savoir si cela me fait me sentir bien ou pas, je suis juste fatiguée mais je souris car j’ai envie. Et c’est bien d’avoir envie.

 

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Bisous pamplemousses ♠

 

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