Salle de bain

 » Le monde entier est un sol de salle de bain mouillé. » 

J’ai entendu cette phrase dans une série, il y a quelques jours. C’était hier en fait. Il me semble. Elle m’a fait écho. C’est bête pas vrai ? Je sais. 

Depuis elle résonne dans ma tête. J’y pense et j’me dis que c’est pas con. C’est vrai, le monde c’est casse gueule putain. C’est glissant et on est sans cesse en équilibre, sur nos gardes, à faire attention de ne pas tomber. Un peu comme à la patinoire. On est là on s’tient, on s’accroche et on lutte. Oui c’est ça, on lutte. J’lutte et toi aussi, mens pas. Tu t’accroches à cette putain barrière comme si ta vie en dépendait. Tes jambes tremblent, ta froid, ton cœur est à deux doigts de sortir de ta poitrine tellement t’es effrayé par la chute. Mais t’es encore là, debout.

Perso j’suis l’cul par terre, sur ce putain d’sol de salle de bain. Je sais pas trop à quoi m’accrocher pour me sortir de cette merde. À vrai dire je suis effrayée. J’me rend compte que ça va faire 1 an en fait que je suis sur ce putain d’sol. J’ai pas bougé. En réalité je pensais m’en être sortie mais non. Y’a toujours cette période, tu sais cette sale période où tout bêtement tu ne sais plus rien. Pas même comment tu t’appelles. T’es pas vraiment là, tu peines à respirer ou à tenir une conversation sans avoir envie de retourner dans ta chambre. Celle-ci est devenue ta grotte, t’es en pleine hibernation et le pire dans tout ça c’est que tu trouves ça normal.

Cette période c’est un peu comme un anniversaire. Elle arrive chaque année à la même date sauf qu’avec elle, t’es loin de passer un bon moment. T’enchaines les nuits blanches, tu restes éveillé pendant plusieurs jours, jusqu’à ressembler à un zombie. Mais tu ne te sens pas si mal. Il parait que quand la douleur est trop forte, notre corps fait barrage. C’est surement ça.

J’suis en plein dans cette période sauf qu’elle me laisse un arrière goût amer. Elle me rappelle cette prise de conscience, cet échec et cette chute dans la salle de bain. Certain diront qu’il a fallut du courage mais j’ai du mal avec ce concept là. C’est comme ça. J’ai honte mais comme toi je m’accroche. J’agrippe le rebord de cette putain de baignoire comme si c’est là que tout se jouait et j’tiens le coup. Alors oui, il m’arrive parfois de rechuter, de reperdre l’équilibre jusqu’à briser la glace de cette putain d’patinoire. D’me retrouver avec des écorchures aux creux de mes paumes, les genoux repeint en bleu et des courbatures. Mais il parait que ça fait parti du jeu, que c’est le prix à payer alors je paye. 

Tu sais avant de pouvoir remonter il faut admettre la chute. Quand t’es affolé parce que tu viens de tomber, tu te précipites et c’est encore pire pas vrai ? Mais si tu prenais le temps de faire le point. De regarder autour de toi ce qu’il y a de plus solide afin que tu t’accroches. Parfois c’est rien. Stupide même, mais tu t’en fous. La manière dont tu t’en sors importe peu. Parce que la chose qui compte le plus dans cette putain salle de bain c’est toi.

HOPE